La culture est un levier essentiel pour l’insertion. Elle à la fois un vecteur de lien social, un moyen d’expression et un outil pour se confronter à des référentiels de valeurs différents.
Toutefois, aussi importante que soit la culture dans l’insertion, les programmes culturels pour les personnes en situation de marginalité sont complexes à mettre en place et doivent éviter certains écueils.
La confrontation à la culture peut être vécuecomme une violence symbolique forte. Dans la mesure où la culture est souvent l’apanage d’un groupe dominant, et qu’il peut être nécessaire d’avoir un capital social et éducationnel particulier pour l’appréhender, la confrontation de personnes en situation d’exclusion sociale avec une programmation élitiste peut être douloureuse.
Comme le précise le galeriste Alain de Wasseige « toute accession d’un individu à des formes culturelles non véhiculées par son milieu est vécue le plus souvent par celui-ci comme une transgression et comme une contrainte pour son environnement en ce qu’elle l’oblige, parfois, à revoir, modifier ou adapter ses propres codes et repères culturels ».
Dans la création d’un programme d’insertion par la culture, il est donc essentiel de veiller à ce que la programmation agisse comme une main tendue et un pont entre les hébergés et le quartier et non pas comme un barrière.
Il faut néanmoins veiller à ce qu’un tel programme ne tombe pas dans l’excès inverse. Il existe un risque d’enfermer les personnes auxquelles il s’adresse dans les références culturelles qu’on leur attribue, ce qui isole et gétthoïse sous prétexte de valoriser et de défendre.
Il s’agit donc de trouver un juste équilibre entre des activités culturelles qui permettent de s’ouvrir au monde tout en intégrant le capital culturel des personnes concernées.
C’est en ce sens qu’à été pensé le concept du Transfo-Emmaüs Solidarité et sa programmation. En faisant venir les activités culturelles directement sur le lieu de vie des personnes hébergées, le centre évite l’intimidation que peuvent produire les lieux normalement réservés à la culture. La familiarité du lieu de vie aide à dépasser les difficultés et les réticences que pourraient rencontrer les personnes hébergées.
La programmation est elle aussi pensée pour faire de la culture un véritable vecteur de lien social. Elle mêle à la fois des thèmes qui résonnent avec l’histoire des pensionnaires (une exposition photo sur les migrants au printemps 2018), des événements où les personnes hébergées sont les co créateurs (représentations théâtrales et vernissage de fresque collective) et des évènements permettant d’inclure d’autres influences culturelles (partenariat avec le musée Rodin ou participation à des festivals de musique du monde, entre autres).